Un film de ROST et Thomas Keumurian

Le plan est lancé. Aujourd’hui, ils iront au Paradis ?

Embrigadé dans cette entreprise maléfique, RÉMI, un jeune garçon de 17 ans faisant parti d’un commando terroriste attache autour de sa taille une ceinture d’explosifs. Il sort des toilettes d’une brasserie bondée de monde et prêt à se faire exploser. C’est alors que NABIL (joué par le comédien SMAÏN), un monsieur exubérant d’une cinquantaine d’année, le reconnaît. Il s’invite alors à la table de Rémi sans que celui-ci ne puisse y faire quoique ce soit. Dans la conversation, Nabil décide que Rémi doit venir manger le couscous à la maison. Il ne prendra pas « non » pour réponse… IMPACT DANS 20 Minutes…

Je suis intimement convaincu que chacun d’entre nous peut apporter sa petite pierre à l’édifice pour qu’ensemble nous fassions bouger les choses, évoluer les mentalités et faire place à plus de justice sociale afin d’éviter ce sentiment d’exclusion et de rejet qui conduisent parfois certains de nos jeunes vers des dérives ou l’obscurantisme.

Rost

POURQUOI CE FILM ???

J’ai eu des amis assassinés et touchés dans les attentats de Paris, notamment Charb et son garde du corps à Charlie Hebdo, puis le gérant de l’Hyper Cacher ; ce dernier et son frère ont été les deux personnes qui m’ont permis de sortir de la rue il y a une vingtaine d’année et, son frère est également le Parrain de mon fils. Lors des attentats du 13 Novembre, ma maquilleuse se prenait plusieurs balles sur la terrasse de « La Belle Equipe » un mois à peine après notre retour de tournage de mon précédent court-métrage « Et si on s’en sortait ». Un court-métrage écrit par ailleurs suite aux attentats de Charlie Hebdo pour dire à nos jeunes qu’aucun d’entre eux n’est condamné à l’échec malgré leur situation sociale.

PARCE QUE LA RADICALISATION N’EST PAS UNE FATALITÉ… Puis, parce que nous devons refuser tous les amalgames pour pouvoir lutter efficacement contre ce fléau.

J’ai passé du temps dans les prisons, dans le cadre de la collaboration entre Dialogue Citoyens et Banlieues Actives, pour tenter de faire de la déradicalisation. C’est très difficile. Dans la grande majorité des cas, cela semble vain, déjà trop tard.

Cela fait longtemps qu’avec mon association Banlieues Actives, nous nous efforçons de faire un travail de citoyenneté, de la prévention de la violence, de la délinquance et surtout, de redonner de l’espoir, de la motivation et une ambition saine à nos jeunes des quartiers populaires qui se croient franchement foutus d’avance. C’est dans cet esprit que j’ai tourné mes premiers court- métrages « La Rue des Anges » et « Et si on s’en sortait ». Ces films ont servi de support pour aller vers ces jeunes et dialoguer avec eux sur les conséquences parfois dramatiques de la délinquance et autour de l’idée qu’aucun d’entre eux n’est condamné à l’échec et qu’ils ont tous le potentiel et la ressource pour s’en sortir et dépasser leur condition sociale.

La tâche est immense mais j’ai assisté, souvent, à l’impact que peux avoir sur ces jeunes, avec mon statut de rappeur, ma médiatisation et surtout mon propre parcours qui fut extrêmement mouvementé, et ces films qui peuvent les interroger, les interpeler, les faire réfléchir sur eux- mêmes. Le sujet du terrorisme contemporain implique énormément de couches complexes, c’est un sujet très sensible, mais je sens dans mon implication et mon engagement qu’il me faut m’en emparer pour pouvoir ouvrir le débat avec ces jeunes, avec nos jeunes. Se retrouver face à des personnes directement touchées par ces drames rend immédiatement le débat bien plus concret et une approche des jeunes beaucoup moins fantasque.

Je suis convaincu que les rencontres peuvent changer une vie, qu’une personne rencontrée au bon moment peut faire la différence dans une existence.

TU IRAS AU PARADIS – L’objectif

Ce film n’est pas une analyse du terrorisme religieux. Il ne prétend pas expliquer, ou détenir la vérité. Avec « Tu iras au paradis », mon co-auteur et co-réalisateur Thomas Keumurian et moi, avons voulu faire une œuvre courte, coup de poing, qui vient interpeler, interroger, interloquer. Le film vise à susciter le débat autour de la question de l’embrigadement. Si je parle de terrorisme islamique, jamais je ne veux faire d’amalgame avec l’Islam. La touche humoristique qui sous-tend le film permet de dédramatiser par la forme un sujet lourd et sensible afin de mieux accrocher les jeunes avant les échanges.

Depuis une vingtaine d’année, Rost est un artiste, rappeur très engagé sur les questions de citoyenneté, de prévention des violences et de la délinquance, d’exclusion, de la jeunesse, des quartiers populaires et plus globalement les personnes les plus fragiles. Sa propre vie, dans la promiscuité, la violence et l’extrême pauvreté, l’a obligé à être très attentif aux autres. Grâce à sa détermination à fuir le déterminisme, il a toujours trouvé l’énergie nécessaire quelques soient les obstacles pour aller au bout de ses combats.